Portrait du mois de septembre : Nathalie Weber, entre tradition et création textile

Installée au cœur de l’Alsace, Nathalie Weber a su transformer sa passion pour la couture et les traditions en un univers unique. Entre springerles déclinés en plâtre, cœurs en kelsch et articles textiles, elle redonne vie à des savoir-faire ancestraux tout en soutenant une cause qui lui tient à cœur : la protection animale. Rencontre avec une créatrice qui conjugue authenticité, générosité et amour de l’Alsace.

1. Une passion artisanale née de l’instinct

À 61 ans, Nathalie Weber ne se destinait pas forcément à l’artisanat. Retraitée après une carrière dans un magasin spécialisé dans les pièces détachées pour motos, elle confie avec simplicité :
« Ma passion a toujours été la couture, le travail manuel. J’ai aussi beaucoup œuvré comme bénévole pour des associations animalières, auprès des chiens et des chats. »

C’est presque par hasard que l’univers du springerle s’est invité dans sa vie, il y a une demi-douzaine d’années. « Une amie m’a montré comment elle déclinait les springerles avec des moules en bois. J’ai tout de suite été passionnée. J’en ai acheté un, deux, trois… puis j’en ai vite possédé une quarantaine ! »

De fil en aiguille, ce loisir est devenu une véritable activité créative, qui fait désormais partie de son quotidien.

1. Les springerles, de la tradition gourmande à l’art décoratif

Le mot « springerle » évoque pour beaucoup un petit gâteau d’antan, délicatement parfumé à l’anis. Nathalie en retrace l’histoire :
« De base, le springerle était un petit gâteau au début du siècle. C’était un mélange de farine, d’œuf et d’anis, servi à l’apéritif. Mais au fil des années, cette tradition s’est un peu perdue. »

Si les moules anciens existent toujours, rares sont ceux qui les utilisent autrement que pour de la pâtisserie. C’est là que Nathalie a trouvé son originalité : elle les décline en plâtre pour créer des objets décoratifs uniques. « On trouve les moules, mais on ne trouve pas ces motifs déclinés autrement. En déco, c’est très joli, ça plaît énormément et c’est toujours apprécié en cadeau. »

Ces créations, typiquement alsaciennes, se retrouvent accrochées aux sapins de Noël, disposées sur des rubans ou encore mises en valeur dans des intérieurs chaleureux.

1. Le kelsch, symbole textile de l’alsace

Parallèlement à ses springerles, Nathalie développe un autre pan de son savoir-faire : la couture. Dans son atelier improvisé, elle donne une seconde vie aux tissus, avec une prédilection pour le kelsch, ce textile traditionnel alsacien reconnaissable à ses carreaux rouges et bleus.

« Les créations textiles, c’est uniquement du tissu. J’achète du kelsch, je descends dans mon salon sur mon grand plan de travail et je fais mes découpes. Cela peut être des petits cœurs, des sacs, des maniques, des panières ou encore des serviettes. J’aime aussi décorer les cœurs avec de petits boutons alsaciens. »

Chaque pièce est façonnée avec minutie et reflète l’identité régionale. « Le springerle et le kelsch se marient très bien. Ensemble, ils reflètent vraiment l’Alsace que j’aime tant. »

1. Une créativité guidée par l’instinct

Chez Nathalie, pas de plan rigide ni de collection prédéfinie : ses créations naissent au fil de ses envies. « C’est à l’instinct. Quand je suis dans mon bureau, j’ai envie de déco. Alors je pré-découpe des bandes, je colle mes springerles dessus et je les peins selon mon inspiration. »

Ce travail spontané donne des objets uniques, imprégnés de sa personnalité. Derrière chaque cœur, chaque motif, se cache une intention, une émotion.

1. Où découvrir ses créations ?

Ses pièces ne passent pas inaperçues. On peut les retrouver dans quelques lieux emblématiques :

Casa natur’L à Bouxwiller, qui propose une sélection de ses réalisations,
Plaisir d’Alsace, une boutique du centre historique de Strasbourg,
Boutique du Sentier des Houblons à Wingersheim pour les springerles « houblon »
Et bien sûr sur différents marchés traditionnels, notamment les marchés de Noël.

Mais la créatrice reste accessible et chaleureuse : « Sinon, il suffit de me passer un coup de fil ou un petit mail. J’accueille les gens avec plaisir à la maison. »

1. Un engagement solidaire au cœur de son travail

Ce qui distingue véritablement Nathalie, c’est sa générosité. Car derrière chaque vente se cache une action solidaire. « L’intégralité des bénéfices de mes créations est reversée à l’association Les Galgos Angel, où je suis bénévole depuis deux ans. »

Cette association vient en aide aux refuges espagnols, où les chiens, notamment les galgos (lévriers), vivent souvent dans des conditions difficiles. « En Espagne, il n’y a pas de SPA. Ce sont des particuliers qui ouvrent des refuges, et nous les aidons financièrement. La présidente est basée à Oswald, et l’association existe depuis dix ans. Nos ventes servent à améliorer le bien-être des chiens. »

À travers son travail, Nathalie combine ainsi deux passions : la création artisanale et la protection animale.

1. Projets et perspectives

À l’avenir, Nathalie souhaite avant tout rendre ses créations accessibles à un plus grand nombre. « J’aimerais que mes produits soient disponibles dans les offices de tourisme, pour que les visiteurs puissent y accéder facilement. »

Côté créativité, elle avoue avec humour : « Je m’arrête là, c’est déjà pas mal ! » Mais nul doute que son inspiration continuera de l’accompagner au fil des saisons.

Avec ses springerles en plâtre et ses cœurs en kelsch, Nathalie Weber perpétue une double mission : préserver la mémoire des traditions alsaciennes et leur offrir une nouvelle vie contemporaine. Son travail, à la fois simple et raffiné, incarne l’authenticité du Kochersberg et du Pays de la Zorn.

En choisissant ses créations, les visiteurs ne ramènent pas seulement un souvenir d’Alsace. Ils participent aussi à une action solidaire en faveur des animaux en détresse. Un double cadeau, empreint de sens et de générosité, qui fait de ce portrait du mois de septembre bien plus qu’une rencontre artisanale : une belle leçon de cœur et de partage.